Les méandres de la vie [en cours] A-12 Première Partie

Cette fanfiction est née un soir de discussion avec Finou, ma chtite choukine. J'ai décidé de l'introduire dans ma fic parce qu'elle m'a poussée à l'écrire. Elle ne devait pas être longue, juste une dizaine de pages, mais maintenant que je suis lancée, je suis incapable de m'arrêter. Je verrai boen où cela va me mener une fois de plus.
Je dédie donc cette fic à Finou qui a aussi choisi le titre.

Et puis merci à Tomcat qui m'a relue.

Bonne lecture à tous.

PS: Faites bien attention aux dates, je jongle bcp entre passé, présent et futur.
les flashbacks sont en italique.


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Chapitre 1

8 Mars 2006
Appartement de Sarah Mackenzie
Paris, XIIème.

Sarah sortit de la salle de bain, une serviette sur la tête, un peignoir recouvrant son corps encore humide. Le téléphone l’avait tiré de sa douche matinale. Le temps qu’elle s’enroulât dans ses affaires, le correspondant anonyme avait raccroché.
Sa vie parisienne était plus calme que sa vie dans la capitale de l’Amérique. Bien que Paris était une mégalopole, elle ne faisait plus partie de l’armée. Elle avait passé un concours qui l’avait propulsée au rang d’institutrice dans une école maternelle américaine.
Elle avait un emploi du temps plus flexible. Non pas que le métier soit moins stressant mais ce n’était pas comparable. Sarah emménagea dans un petit studio de 50m². Elle partageait son palier avec une jeune étudiante en histoire de l’art - archéologie. Delphine avait été l’une des premières personnes qui lui avait tendu la main. Cette jeune fille, habituée aux embûches et à se débrouiller seule avait pensé qu’une étrangère aurait besoin sans doute d’aide. Mais c’était bien mal connaître Sarah Mackenzie que de la croire incapable de gérer sa vie en solitaire. Puis, au fil du temps, de croisade dans les couloirs, de petits services rendus, elles s’étaient découvert une passion commune : l’archéologie. Ensemble, elles passaient le plus clair de leur temps dans les musées les plus célèbres. Louvres, Orsay…Tout était visité dans les moindres détails.
Jamais l’une d’elles ne parlaient de leur passé. Aucune ne posait des questions. Delphine passa plusieurs soirées chez son amie, et vice – versa. Elles observaient les photos avec la plus grandes discrétions, dernières traces de leur vie antérieure. Vingt ans séparaient les deux jeunes femmes. Une génération. Et pourtant, elles arrivaient à se comprendre, à partager leurs expériences et à tirer quelques enseignements. Jamais, elles ne s’étalaient sur un sujet pressenti comme sensible.
Cependant la nature humaine est constituée de telle façon que l’homme est un être doué de curiosité. La jeune étudiante se posait néanmoins des questions. Sur le petit meuble de l’entrée trônait une photo particulièrement belle et étrange. Sa voisine était accolée à un homme, vêtu d’un uniforme blanc de parade. Elle portait une robe, noire, très moulante.
Alors que Sarah préparait un petit quelque chose à grignoter, Delphine s’attarda sur la photo, détaillant avec minutie afin de découvrir ne serait-ce qu’un petit indice qui pourrait lui donner des réponses.

_ C’est le passé, dit Sarah.

Delphine sursauta. Elle ne l’avait pas entendu revenir.

_ Sarah, nous n’avons jamais évoqué ton…passé. Pourquoi ?

Chacune se dirigea près de la table basse.

_ Tu ne m’as jamais posé de questions, répondit-elle.

La jeune fille sourit.

_ Je n’ose pas. Tu es si mystérieuse quand il s’agit de ceci.

Sarah ne répondit rien et plongea son regard dans son assiette de verdure.

_ Je t’écoute, fit l’ancienne militaire.
_ Que faisais-tu avant ? Qui est cet homme ? Qu’est ce qui t’a poussé à quitter ton pays ?

Delphine se restreignit dans ses questions. Elle savait qu’y aller trop brusquement la précipiterait dans un gouffre.

_ J’étais une avocate, affiliée au service du JAG.

L’étudiante, la fourchette portée vers la bouche, la reposa et planta son regard sur son interlocutrice.

_ C’est quoi, le JAG ?
_ C’est ce qui gère les affaires judiciaires de l’armée.
_ Tu as pris ta retraite ? questionna-t-elle encore.
_ Non, je suis partie. J’ai démissionné.

Un silence pesant s’installa dans la pièce aux lumières tamisées.

_ L’homme sur la photo était ton petit ami ?

Les yeux de Sarah se voilèrent.

_ Non. Mon meilleur ami.
_ Vous aviez l’air proche. C’est la première fois que je te voyais sourire comme ça, avança Delphine.
_ Nous ne l’étions pas tant que ça.

Elle releva la tête.

_ Mange.

La future archéologue sourit.

_ Ouais…

A suivre...

Chapitre 2

12 mai 2003
Quartier Général du JAG
Washington DC, VA.

_ Monsieur, le Colonel Mackenzie requiert deux minutes de votre temps.
_ Faites-la entrer Tiner.

Le chef d’état major de l’amiral Chegwidden pénétra dans le bureau.

_ Amiral, j’aimerai vous parler.
_ Allez-y Colonel.
_ Après réflexion Monsieur, je vous remets ceci.

Elle lui tendit un dossier dans lequel se trouvait le papier qui allait changer sa vie à jamais. Il attrapa ce qu’elle lui tendit, posa ses lunettes sur le bout de son nez, s’installa dans son moelleux fauteuil, et lut sans dire un mot.

_ Une nouvelle lubie Colonel Mackenzie ?
_ Non, Monsieur. La décision la plus importante que je n’ai jamais prise.
_ Vous voulez prendre votre envol une nouvelle fois ? Sachez que je ne ferai pas deux fois le même geste.
_ Je sais Monsieur.

Il expira bruyamment par les narines, se leva et vint s’asseoir sur le fauteuil de cuir voisin.

_ Mac, qu’est ce qui se passe ?

Le ton employé par AJ montrait qu’il ne parlait plus en tant qu’Amiral mais en tant qu’ami.
Le timbre de sa voix était paternel.
Elle ne savait pas si elle devait lui dire la vérité. Elle hésita, ce qui n’échappa pas au Pacha.

_ C’est…personnel. Monsieur.
_ Je sais que je n’ai pas pour habitude de me mêler des affaires privées de mes officiers, mais si je peux vous éviter de faire un acte que vous viendrez à regretter…
_ Ma décision est prise et longuement réfléchie. Je veux quitter Washington.
_ C’est à cause de Rabb n’est-ce pas ?

Elle savait qu’il aborderait ce sujet.

_ Oui, c’est entre autre à cause du Capitaine.
_ Que Diable, qu’a-t-il encore fait ?

Elle baissa les yeux, croisa ses doigts et les bougea nerveusement.

_ Rien. Je dois partir, c’est tout ce qu’il y a à savoir…Monsieur.

Il se leva à nouveau.

_ Très bien, considérez que vous retournez à la vie civile d’ici trois semaines.

Elle se mit au garde à vous.

_ Merci, Monsieur.

Elle salua. Alors qu’elle ouvrait la porte, il prit la parole.

_ Mac, bonne chance pour votre nouvelle vie.

Elle planta son regard dans le sien et ferma la porte derrière elle, après un temps d’arrêt.

A suivre...

Chapitre 3

11 avril 2006
Appartement de Sarah Mackenzie.
Paris, XIIème

Depuis la petite discussion qu’elles avaient entamée, Mac n’avait pas reparlé de son passé en tant qu’avocate. Mais, elle ne cessait de penser maintenant à l’homme sur la photo. Harmon Rabb Junior lui manquait terriblement. Mais partir avait sans doute été la meilleure chose qu’elle ait faite. Dans sa tête, se bousculaient maintenant, les souvenirs qu’ils avaient partagés.

_ Entrez, c’est ouvert, hurla Harm derrière ses fourneaux.

Elle poussa la porte.

_ Vous n’êtes toujours pas prêt !
_ Je ne suis pas en retard, Mac ! Ne commencez pas, ajouta –t-il d’un air rieur.

Elle lui sourit, passa près de lui et l’embrassa sur la joue. Il fut un peu surpris par ce geste inhabituel, mais après tout des amis se faisaient la bise. Il n’y avait rien de mal à ça.


_ Je nous ai préparé une salade de la mer, un rizotto végétarien et une crème dessert chocolat.
_ Parfait, mais où est la viande ?, dit-elle en inspectant les plats pratiquement prêts.

Il leva les yeux au ciel. Elle le taquinait.

_ Mac, il faut manger sainement. Il ne faut pas trop faire d’écart…

Elle explosa de rire.

_ Vous trouvez que mon corps reflète mes écarts ?

Elle s’était approché de lui dangereusement. Son haut moulait sa poitrine et son pantalon noir à fines rayures grisâtres se collait parfaitement à ses courbes.
Il ne put s’empêcher de profiter de l’occasion pour la regarder plus intimement.

Le repas se passa tranquillement à la lumière tamisée des nombreuses bougies, au doux son du cd qui passait.
Ils s’étaient installés dans le sofa pour prendre leur dessert ainsi que le café. Mac avait festoyé pleinement.

_ C’était succulent Harm. Et dire que je n’ai pas encore mangé le dessert !

Sur ce, il l’a servi généreusement. Ils continuèrent d’évoquer certains souvenirs communs sur des affaires.

_ Sarah, vous avez du chocolat…ici, fit-il en pointant son index près de sa bouche.
_ Oups. Je vais chercher une serviette.
_ Pas besoin, finit-il par dire.

Et comme par surprise, il approcha sa bouche de la commissure des lèvres de sa partenaire, et lécha doucement le chocolat. Puis, il captura ses lèvres. Ils se perdirent dans un baiser passionné.
A bout de souffle, ils se séparèrent.

_ Je savais que le chocolat était aphrodisiaque, murmura Mac, mais je ne savais pas quel effet il avait sur vous…

Elle fut tiré de sa douce rêverie par la sonnette de la porte d’entrée. Sarah Mackenzie s’y précipita pour ouvrir. Sur le pas de la porte, Pierre, un collègue de l’école se tenait là, un bouquet de lys à la main.

Chapitre 4

1er Juin 2003
Quartier Général du JAG
Washington DC, VA

Mac partait demain pour la France. Seuls l’Amiral et Harriett étaient dans le secret. Ils avaient promis de ne rien dire aux autres et surtout rien à Harmon Rabb.
Elle s’était donnée trois semaine pour le lui annoncer, mais au lieu de cela, elle avait laissé passé le temps. Au pied du mur, elle devait absolument le lui avouer maintenant.
Encore dans son bureau, plongé sur la grosse affaire de double meurtre qui l’opposait à son vieil ami Sturgis Turner, il ne faisait pas attention au monde extérieur.

_ Puis-je vous déranger quelques secondes ?
_ Oui, bien sûr entrez Mac.

Elle s’introduisit dans ce bureau dont elle connaissait les moindres recoins et ferma la porte derrière elle.

_ Je suppose que vous voulez parler de ce qu’il s’est passé l’autre soir ? demanda-t-il un peu inquiet.
_ Non , je voulais vous annoncer quelque chose, Harm.

Il lui indiqua le siège devant lui, elle s’y installa.

_ Je pars demain.
_ L’Amiral vous a mise sur une enquête difficile ?
_ Non. Je quitte les Marines, le JAG et Washington DC, demain.

Il n’en croyait pas ses oreilles.

_ Mais…Mais…Pourquoi ?
_ Je me le dois. J’arrive à un tournant de ma vie. C’est une décision qui m’a demandé de la réflexion.
_ Mais Mac, vous ne pouvez PAS partir.
_ Qu’est ce qui m’en empêche ? Qu’est ce qui me retient ici ?
_ Tout. Le JAG, votre corps d’arme, vos amis….Moi…

Il soutint son regard.

_ Harm, je pars c’est tout. Ce n’est pas discutable.

Elle se mit debout et se dirigea vers le plateau.

_ Où allez-vous Sarah ?

Il l’appelait par son prénom. Deux fois en peu de temps. Au dîner puis maintenant.
Pour simple réponse, elle lui sourit les larmes aux yeux, puis elle quitta la pièce.
Dans son bureau, elle attrapa ses cartons d’affaires personnelles. Les portes battantes affublées de l’insigne JAG s’ouvrirent sur son départ. Un dernier regard sur le staff en action. Elle capta le regard d’Harriet son amie depuis des années.
Montée dans l’ascenseur, dos au plateau, les portes se refermèrent sur son ancienne vie.

Dans son bureau, Harm regardait la photo qu’il cachait dans son tiroir supérieur

Chapitre 5

11 avril 2006
Appartement de Sarah Mackenzie.
Paris, XIIème

_ Pierre ? s’étonna-t-elle
_ Bonsoir Sarah.

Dans sa nouvelle vie, tout le monde l’appelait Sarah. Comme si Mac était devenu prohibé depuis son départ de Washington. Ou bien comme si ce n’était réservé qu’à certaines personnes.

_ Euh, entre.

Elle se poussa pour dégager le passage de son entrée. Elle tutoyait tout ses collègues. Pas de barrières militaires ici.

_ Elles sont pour toi, lui dit-il alors qu’il lui tendait le bouquet.
_ Merci.

Ils s’avancèrent dans son séjour. C’était la première fois en trois ans qu’il venait chez elle. Ils étaient simplement des collègues, mais Pierre était attiré par Sarah Mackenzie. Il lui avait fait savoir implicitement. Il n’attendait rien d’elle puisqu’il ne savait absolument rien de sa vie passée. Il remarqua instantanément plusieurs photos. Ce qu’un homme amoureux cherche c’est d’avoir des indices sur la vie sentimentale de la femme convoitée.

_ C’est sympa chez toi, affirma-t-il en examinant l’espace.
_ Merci. C’est assez simple. Tu veux quelque chose à boire ?
_ Non, merci Sarah. Je voulais savoir si… tu étais libre pour dîner un soir ?

Sarah se sentit mal à l’aise.

_ Euh, Pierre, je ne pense pas.
_ Pourquoi ? Tu as quelqu’un dans ta vie c’est ça ?

Elle ne préféra pas répondre. Lui faire croire qu’elle n’était pas célibataire lui sembla la meilleure chose qui soit. Au moins, il n’insisterait pas.

_ Tu devrais partir Pierre. On se voit demain ?
_ D’accord.

Une fois qu’elle eut fermé la porte derrière lui, elle s’effondra en larmes. Elle pensait toujours à Harm et pourtant elle se s’était promise de ne jamais plus rien éprouver pour lui. Elle s’était également dit de ne plus tomber sous la coupe d’un homme. Sa vie sentimentale n’avait été que souffrance et plus jamais elle ne subirait.
La sonnette retentit à nouveau. Sarah pria de tout son cœur pour que ça ne soit pas son collègue. Elle jeta un œil au judas pour voir Delphine.
Elle lui ouvrit.

_ Sarah ??? Mais qu’est ce qui t’arrive ?
_ Rien du tout Delphine.

Elle se força à sourire.

_ Ce n’est pas à une femme que tu mentiras sur le fait que tu as pleuré. Tes yeux sont rouges.
_ Entre, ne reste pas sur le palier ;
_ Sarah, dis-moi ce qui se passe. C’est à cause de l’homme que j’ai croisé ?
_ Non. Oui. Enfin non.

Elles prirent place dans la cuisine.

_ Alors ? Oui ou Non ?
_ Ce sont les hommes mon problème.

A suivre ... ( il y a encore 15 chapitres qui sont écrits)

Chapitre 6

1er Juin 2003
Appartement de Sarah Mackenzie
Washington DC, VA

_ Ouvrez-moi !!! Mac, ouvrez cette fichue porte !

Elle était blottie dans son canapé, pestant intérieurement contre son partenaire.

_ Je vais défoncer cette porte, Mackenzie.

Il commença à frapper de toutes ses forces. La voisine sortit pour demander quelle était l’origine de ce bruit.
Excédée par les élans de voix mais aussi pour éviter que tout l’immeuble ne soit réveillé en pleine nuit, elle déverrouilla la porte.
Il ne se fit pas prier pour entrer. Il avait un peu bu, elle le remarqua à sa façon de marcher.

_ Vous fuyiez Sarah Mackenzie.
_ Allez-vous arrêté de hurler ??
_ Quand j’aurai le pourquoi du comment de votre départ !

Il était résigné à avoir la réponse.

_ Pas dans votre état, balança-t-elle froidement.
_ Je ne suis pas ivre. Ou plutôt si je suis ivre…de vous.

Elle le dévisagea. Ses yeux d’habitude si bleus étaient gris.

_ Partez. Vous ne savez plus ce que vous dîtes !
_ Jamais. Je veux les réponses à mes questions.
_ Non, ça ne vous concerne pas.

Sa voix était de plus en plus froide. Elle avait l’impression de mettre ainsi une certaine distance.
Il fit deux pas en avant. Il l’attrapa par le bras.

_ Mac, dites-moi pourquoi, même si je suis responsable.
_ Ah, Harmon Rabb Junior…Avec votre ego démesuré, vous croyez que tout tourne autour de votre monde.

Il savait que c’était la nuit de la dernière chance. Il l’attrapa et la tint fermement.

_ Vous me faites mal.

Il approcha ses lèvres des siennes et l’embrassa voracement. Il força et poussa sa langue dans la bouche de sa partenaire.
Elle céda sous la pression. La douleur devint plaisir quand enfin elle goûta une fois encore à sa salive.

Chapitre 7

11 avril 2006
Appartement de Sarah Mackenzie.
Paris, XIIème


Delphine ne savait pas trop comment se comporter. Sarah n’avait pas pour habitude de se confier. La jeune fille laissa aller ses yeux de son amie à son assiette, de son assiette à sa fourchette. Elle ne savait pas où poser son regard.

_ Hum…Pourquoi est-ce que tu dis ça ?
_ Tous les hommes que j’ai eus sont morts ou bien voudraient l’être.

Elle se mit à rire nerveusement quand elle repensa que les mots qu’elle venait de prononcer étaient ceux de l’homme qu’elle avait tant aimé. Trop longtemps aimé.
L’étudiante se leva et alla chercher le cadre où Harm et Mac étaient ensemble.

_ Et lui ? Il en fait partie ?

Les yeux de Mac prirent une teinte noirâtre. Comme si revoir cette photo à cet instant précis signifiait souffrance.

_ Je suppose.
_ Qu’est ce que ça veut dire : « je suppose » ?

L’institutrice souffla.

_ Il a été mon meilleur ami durant beaucoup de temps…et ce que j’ai souhaité trop peu d’heures.

Inconsciemment le caractère de l’ancienne Marines, forte, fière et déterminée refirent surface.

_ Mais c’est de l’histoire ancienne…

Elle se força à sourire.

_ Et toi, les hommes ?

Delphine n’avait jamais abordé le sujet en trois ans. Elle pensait que c’était quelque chose de beaucoup trop personnel pour en faire part. Bien qu’elle aurait aimé avoir quelques conseils. Mais bon, les copines de fac avaient toujours été de bon recours.

_ Moi ? Euh… Bah rien. Enfin…Si, je veux dire, tout va bien. Ou presque…

Elle balbutiait.

_ Tu as quelqu’un ?

Mac piqua dans son assiette un morceau d’une manière désinvolte.

_ Pas…en ce moment.

Elle se racla la gorge, puis reprit la parole.

_ Il s’appelle comment ?

Avec son index, elle désigna l’homme en uniforme.

_ Harmon Rabb Junior.

Chapitre 8

1er Juin 2003
Appartement de Sarah Mackenzie
Washington DC, VA


Il sentit qu’elle se décontractait sous chaque caresse qu’il lui prodiguait. Il était là pour elle et elle pour lui.
Puis les choses s’accélérèrent. Passion violente, envie incommensurable. Les corps désiraient, les âmes suppliaient. Les deux quémandant toujours plus.

_ Pas comme ça, pas ici, parvint-elle à murmurer.

Il la prit dans ses puissants bras et l’emmena en direction de sa chambre.

Depuis bien longtemps, son horloge interne ne joua pas le rôle de réveil. Confortablement installée dans les bras de son amant, elle s’éveilla. Il dormait profondément.
Elle referma les yeux. Un tourbillon de pensée virent l’assaillir. Bonnes et mauvaises. Heureuses et malheureuses. En elle, un sentiment singulier naquit. La soirée passée avait été celle qu’elle avait toujours convoitée mais son envie de partir la prit aux tripes. Notamment maintenant.
Elle le sentit bouger contre son corps. Il passa sa main autour de sa taille, l’emprisonna pour recouvrer sa chaleur.

_ Bonjour, marmonna-t-il.
_ Salut.

Avec le bout de ses ongles, elle effleura le plus langoureusement possible sa peau.

_ Ne partez pas, acheva-t-il.

Elle se dégagea de son étreinte et finit par sortir du lit. Elle enfila sa robe de chambre.

_ Maaaacc, continua-t-il.
_ C’est toujours quand vous êtes sur le point de perdre quelque chose que vous faites tout pour le garder. Cette fois-ci Harmon, avoir rime avec perdre.

Il se mit debout, prit son caleçon et la suivit dans la cuisine.

_ Mac…Sarah…
_ Non, Harm, cette nuit était notre façon de nous dire adieu.

Il s’en retourna dans la chambre, se rhabilla, attrapa son blouson. Il vint dans la cuisine. Elle était appuyée au plan de travail, lui tournant le dos. Il lui fit faire face à lui, l’embrassa une dernière fois et quitta l’appartement aussi vite qu’il y était arrivé.

De rage, elle frappa du poing et envoya valdinguer sa tasse à travers la pièce.

Oh non, non, non…On oublie pas comme ça…

Chapitre 9

11 avril 2006
Appartement de Sarah Mackenzie.
Paris, XIIème

_ Il te manque ? hésita à demander Delphine
_ Non.

La réponse était sèche et plus que brève.

_ Et concernant l’homme que j’ai croisé ?
_ C’est un simple collègue. Il voulait un renseignement, c’est tout.
_ Okay…

Elle termina son assiette.

_ Mais, un conseil : si tu ne te soucies plus du passé, ne te gâche pas le bonheur dans le présent.

Sarah leva un sourcil par la remarque pertinente de sa jeune voisine.


12 avril 2005
Ecole américaine.
Salle des professeurs.

Pierre arriva.

_ Un café Sarah ?

Elle sursauta.

_ Oui, merci.

Il le lui tendit.

_ Dînons ensemble, s’il te plaît. Un simple dîner entre amis qui n’engage à rien, supplia-t-il.
_ Pierre…

Elle s’écarta et se dirigea vers son casier pour l’éviter au plus.

_ Mais je ne propose rien de sérieux. Seulement un simple repas !

Elle plongea son regard dans le liquide noir.

_ D’accord. Après tout, tu as sans doute raison. C’est un dîner.
_ Vendredi soir, 20h ?
_ Entendu. Où se retrouve-t-on ?
_ Je passerai te chercher, si ça ne te dérange pas bien sûr.

Elle but une gorgée du café.

_ Ok.

Ils échangèrent un sourire et la cloche de la reprise des cours retentit.

Chapitre 10

12 avril 2006
Quartier Général du JAG
Washington DC, VA.

_ La séance est suspendue et reprendra demain à 0900.

Le marteau vint frapper sur le socle en bois.

_ 1ère classe, ne soyez pas en retard demain, beugla le Capitaine, visiblement énervé.
_ Non Monsieur.

Le Capitaine de Vaisseau et son client sortirent de la salle d’audience. Epuisé par la cours martiale et les objections incessantes de son adversaire, Harm préféra rejoindre son bureau sans même portée attention aux médias.
Sur le plateau Harriet était là avec ses quatre enfants. Le petit AJ courut dans les bras de son parrain.

_ Tonton Harm !!!

Il lâcha son attaché-case et sa casquette.

_ Hey mon bonhomme ! Comme tu as encore grandi !
_ Ca fait longtemps que je t’avais pas vu. Pourquoi tu viens plus me voir ?
_ J’ai été beaucoup occupé ses temps-ci. Mais je te promets qu’après mon affaire, je te prendrai avec moi un week-end. Rien qu’entre hommes.

Le petit garçon se serra un peu plus contre son parrain.

Ils entrèrent tous les deux dans le bureau pour discuter. AJ était un grand garçon et il adorait qu’on le considère comme tel.
Il fit le tour du bureau et s’installa dans le fauteuil en cuir confortable.

_ Dis oncle Harm, est ce que je pourrais aller voler ?
_ Je ne sais pas AJ, il faudrait demander l’autorisation à ton papa et à ta maman.

A côté de l’ordinateur trônait un cadre.

_ Elle est belle là, tante Mac. Elle me manque.

Il se mit à pleurnicher. Elle manquait au Capitaine aussi.

_ Mais elle m’a dit que j’irai la voir pendant les vacances ! Tu te rends compte ! JE vais aller à Paris.

Harm eut un sursaut. Il n’avait pas eu de nouvelles d’elle depuis trois ans. Les Roberts ne disaient rien et il n’avait rien demandé. Marraine du petit AJ, elle prenait toujours de ses nouvelles. Et puis c’était l’amie de Bud et d’Harriet.

_ Tante Mac est à Paris ?
_ Ouais. Tu savais pas ?

Tout à coup le petit garçon porta sa main à sa bouche. Il se souvint des mots prononcés par sa mère : « AJ, mon cœur. Tu sais que ta marraine est partie. Il va falloir être fort. Mais surtout, il va falloir éviter de parler d’elle à tonton Harm. Tu sais il est très malheureux. »
Harriet avait embelli les choses pour par que son fils aîné ne pose trop de questions. Elle savait ce qui s’était passé entre eux, ça lui fendait le cœur. Mais c’était leur histoire.


_ Si si, bonhomme, j’étais au courant.

Il s’approcha de lui et l’étreignit pour un nouveau câlin.

De tout évidence, il y a des absences qui refusent d’éteindre leur feu

Chapitre 11

2 Juin 2003
Appartement de Harmon Rabb
Washington DC, VA

Allongé dans son canapé, il fixait le plafond. Il venait de passer la nuit dernière avec la femme qu’il aimait. Il n’avait pas réussi pourtant à le lui dire. Simplement à lui prouver. Mais cela n’avait pas suffit, elle partait décidée. Il jeta un coup d’œil furtif à sa montre et vit 15h. Elle avait sûrement dû prendre l’avion pour une destination dont il ne connaissait pas le nom. Il attrapa sur la table basse son verre plein de whisky. Plus il buvait et plus il pensait qu’il allait l’oublier. Néanmoins c’était l’effet inverse qui se produisait. A chaque gorgée c’était un souvenir d’eux ensemble qui refaisait surface.
_ Je savais que le chocolat était aphrodisiaque, murmura Mac, mais je ne savais pas quel effet il avait sur vous…

Il planta son regard dans le sien.

_ Il y a beaucoup de choses que vous ignorez, vous savez…
_ Je ne demande qu’à les découvrir,

Cette fois-ci c’est elle qui prit les devants et happa ses lèvres. Cela faisait longtemps que tous les deux reniaient leur amour et leurs sentiments respectifs.
Elle plaça sa main sur sa chemise et déboutonna insidieusement chaque bouton. Il se contracta lorsqu’il sentit le contact de leurs peaux.

_ Nous ne devrions pas, Sarah…
_ Pourquoi ?

Elle joua à nouveau avec ses lèvres. Elle les humidifia.

_ Nous ne devons pas.

Elle se raidit après s’être stoppée nette. Elle se leva, pris ses affaires et claqua la porte, vexée au plus profond d’elle-même. Encore une fois, il l’avait repoussée.

Dans sa bibliothèque, bien dissimulé derrière plusieurs livres, dans une boîte de cèdre, des photos d’eux s’y trouvaient.
Il inspira en fermant les yeux et expira au même moment où il soulevait le couvercle.




Chaque image était un pincement au cœur. Il décida que se serait la dernière fois qu’il les regarderait. Elle restera dans en lui comme souvenir, il garderait une ou deux photos, les autres disparaîtront au fond d’un tiroir.

Chapitre 12

16 avril 2006
Appartement de Sarah Mackenzie.
Paris, XIIème

Sarah avait posé tout un tas de vêtements sur son lit. Elle avait rendez-vous ce soir avec Pierre, son collègue. Il lui restait encore un peu de temps avant qu’il ne sonne à sa porte, mais le choix de l’habillement était vital.
Elle opta après un quart d’heure d’hésitation pour un pantalon cintré noir, d’un chemisier parme et d’un pull noir. Elle prit ses chaussures à talon, bouts pointus.
Un dernier petit tour dans la salle de bain pour un brin de maquillage, une touche du dernier parfum pour lequel elle avait craqué. C’était une fragrance très légère.

*Sarah Mackenzie, tu es pitoyable. Ce n’est qu’un dîner entre amis*

Elle regarda machinalement sa montre. Elle se surprit elle-même. Normalement, elle n’en avait absolument pas besoin. Son horloge interne marchait toujours à la seconde près. Fallait-il qu’elle se questionne sur ce fait singulier ? Pierre la déstabiliserait-elle ?

Le son strident du la sonnette de l’interphone la fit sursauter. Elle se précipita en courant comme elle le put sur son parquet qu’elle ne voulait pas rayer avec ses talons.

_ Oui ?
_ C’est moi. Pierre. Tu es prête ?
_ J’arrive.
_ Je peux monter ?
_ Pas la peine, dans une minute, je serai dans le hall.

Elle raccrocha, attrapa son sac au passage, ses clés pendues et claqua la porte après avoir éteint machinalement la lumière.
Elle dévala avec aisance les étages qui la séparaient du rez-de-chaussée. Il était là. Au travers de la grande baie vitrée de la porte lourde, elle vit sa silhouette

_ Bonsoir Pierre.

Il resta subjugué.

_ Tu es…Superbe Sarah. Vraiment.
_ Merci, beaucoup. Je dois avouer que tu es sur ton 31. Je n’ai pas pour habitude de te voir en costume.

Il lui sourit.

_ Ma voiture est garée à deux rues d’ici. J’ai réservé dans un super restaurant.
_ Tant mieux, parce que j’ai une faim de loup ! s’exclama – t-elle.

Même si elle avait tenté de changer sa vie, de faire table rase de tout son passé, il y a une chose qu’il était dur d’effacer. Son caractère.

_ Il paraît que tu adores la viande, fit-il.
_ Comment le sais-tu ?
_ J’ai des indiques.

Elle souleva un sourcil.

_ Qui ? demanda-t-elle surprise.
_ On ne doit jamais révéler le nom de ses indiques !

Il se mit à rire. Elle le suivit. Pierre n’était pas si désagréable que ça.

Chapitre 13

26 juillet 2006
Aéroport Roissy Charles De Gaule
Paris

Une hôtesse d’accompagnement sortit de la rampe d’embarquement. Elle tenait fermement la main d’un jeune garçon de sept ans.

_ On va aller récupérer tes bagages et j’attendrai avec toi que la personne qui doit venir te prendre soit là.
_ Tante Mac n’est jamais en retard, dit-il fièrement.

En effet, non loin du tapis où les bagages défilaient, elle se tenait debout, cherchant du regard son filleul. Ce dernier ne mit pas longtemps avant de voir qu’elle était présente. Il lâcha la main de la femme et se rua, à toute vitesse, dans les bras de sa marraine.
Il ria si fort qu’il faillit s’étouffer. Elle le serra contre elle. Cela faisait tant d’années qu’elle ne l’avait pas porté.

_ AJ, mon petit ange, lui fit-elle.
_ Tu m’as manqué.
_ A moi aussi. Tu es devenu un beau jeune homme.

Il se redressa fièrement. Ce que tout homme faisait lorsqu’on flattait leur ego.

_ T’es belle Tati.
_ Merci AJ. Tu es un adorable petit garçon.

Elle embrassa sa tête blonde, huma son shampooing. Bien qu’il faisait parti des « grands », il avait conservé l’odeur du bébé. Les petits bras entourèrent sa nuque.
Elle le reposa à terre.

_ Allez, on y va. J’ai des tonnes de choses à te montrer mon bonhomme.
_ Maman m’a dit de te dire qu’il fallait que tu l’appelles.
_ On le fera de mon appartement.

Il plaça sa petite main dans la sienne et la serra.

Au loin, appuyé contre un pilier, Harmon Rabb Junior observait son filleul…et Sarah Mackenzie. Son cœur battait à la chamade. Ses mains tremblaient.

* Tu es toujours aussi belle Mac*

Il récupéra lui aussi son sac, sortit discrètement, se rendit près d’un taxi. Une chambre d’hôtel réservée à son nom l’attendait.
Son envie avait été plus forte. Trois ans sans aucune nouvelle. Pas un coup de fil, ni même un mail, ni même une carte ou une lettre.
Des choses devaient être réglées.

Chapitre 14

16 avril 2006
Restaurant « Le Chambellan »
Paris, Xème

L’endroit était chaleureux. Les couleurs étaient douces, les lumières tamisées.
Pierre s’approcha du serveur.

_ J’ai réservé une table pour 20h au nom de Rouget.

Il consulta un cahier.

_ Oui, c’est exact. Nous vous avons choisi la table au fond près de l’aquarium. Cela vous convient-il ?

Le collègue de Sarah l’interrogea du regard afin de savoir si tout lui allait.

_ Parfait, répondit-il au serveur.

Il leur indiqua le chemin qui les menèrent jusqu’à la table un peu retirée.
Pierre tira la chaise de sa compagne de soirée vers lui afin qu’elle s’installe puis la replaça sous ses fesses et l’aida à se mettre correctement. C’était un geste galant, typiquement français. Il s’attabla juste en face d’elle. Ses yeux brillaient. Visiblement, il semblait ravi de ce début de soirée. Le serveur apporta la traditionnelle carte des vins, et les menus.

_ C’est vraiment atypique comme plat qu’ils font ici, s’étonna Sarah.
_ Un restaurant atypique pour une femme atypique.

Elle baissa sa carte des menus et jeta un coup d’œil furtif au dessus pour qu’elle puisse le voir. Il était plongé dans sa lecture. Enfin, il résistait à la tentation de ne pas la dévorer des yeux.
Sarah savait que les français étaient de véritables dragueurs. Elle l’avait remarqué dès les premiers mois qu’elle était arrivée. De plus, bien qu’elle se refusait de penser selon des clichés, Paris lui apparut comme une des villes les plus romantiques qu’elle avait visitées. Bien sûr, elle comprenait des allures de mégalopole, mais elle alliait moderne et ancien. Architecture douce et agressive. Aux Etats-Unis, c’était impossible de voir ceci. Le pays était trop jeune pour qu’un tel patrimoine y soit installé.
Le serveur arriva au moment où son esprit divaguait.

_ Vous avez choisi ?
_ Vas-y Sarah, fit Pierre.
_ Je prendrais un clafoutis aux légumes du jardin, un filet de perche à la sauce aux câpres et du chou-fleur.
_ Vous me mettrez la même chose, ajouta l’instituteur.

Ils se sourirent mutuellement.

_ Sarah, je voudrais te poser une question, mais je n’ai jamais osé. Puis-je le faire ?

Il porta son verre à sa bouche. Elle paniqua sur l’instant. Qu’allait-il lui demander.

_ Je ne connais rien de toi. Tu ne t’ouvres pas et n’évoque jamais ton passé. Pourquoi es-tu aussi hermétique qu’une huître ?
_ Parfois ressasser le passé ne fait qu’aggraver les choses, répondit-elle.
_ Tout ce que je sais sur toi, c’est que tu as fait partie de l’armée américaine et que tu as un diplôme de droit et une licence de lettres qui te permet d’exercer ton métier.
_ Il n’y a pas grand chose d’autres à raconter.

Elle sentit que son ton se durcissait.

_ Sarah, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. C’est juste que je me demande comment tu fais en éradiquant tout ce qui t’as permise de te construire.

Il n’avait pas tort. Elle était devenue ce qu’elle était en se construisant par rapport aux événements de sa vie. Elle se mit à réfléchir à cent à l’heure, des tonnes de souvenirs refirent surface en éclair et par bribes. Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu’elle ne se rende compte. Son interlocuteur lui s’aperçut qu’il avait touché un point sensible.
Une fois de plus c’est le serveur qui la sauva.

Chapitre 15

26 juillet 2006
Appartement de Sarah Mackenzie.
Paris, XIIème

_ C’est là que t’habites tante Mac ?
_ Oui mon ange.

Elle sortit du taxi avec son filleul.

_ C’est bizarre comme maison…

Ils grimpèrent les étages. Delphine sortit à ce moment là, cartons à dessin sous le bras.

_ Tiens bonjour !!!
_ Bonjour Delphine ! Je te présente AJ Junior, mon filleul.

Elle s’abaissa pour se mettre à la hauteur du garçon.

_ Enchanté AJ, je suis heureuse de te rencontrer. J’ai entendu parlé de toi.

Elle lui sourit en lui tendant la main. AJ eut pour comportement un mouvement de recul. Delphine n’avait pas pensé que le garçonnet ne parlait pas un mot de français.
Mac se mit à rire.

Delphine tenta bien de construire une phrase mais elle finit par abandonner. Elle était plutôt morte de rire que concentrée sur ce qu’elle voulait faire.

_ Bonne journée à vous. Je m’en vais finir mon projet d’art.
_ Tu me montreras ? demanda Sarah.
_ Bien sûr. Bye little boy.

Elle fit un petit signe de la main.

_ Nous allons aller appeler ta maman.
_ Merci Tante Mac.

Dans l’appartement, elle indiqua le téléphone à AJ. Elle lui composa le numéro et vérifia bien l’heure de décalage.

_ Allô Maman ?
_ …
_ Oui, ça va bien. Tante Mac elle parle trop bizarrement tu verrais ! Le français. C’est drôle !
_…
_ Je t’aime Maman.
_…
_ Tu feras des bisous à Papa, et à mes frères et sœurs.

Puis il baissa la voix

_ Et à oncle Harm, chuchota-t-il.

Et il raccrocha.

Mac arriva avec un sandwich et un verre de lait. Elle avait supposé que son filleul devrait avoir faim. La nourriture dans les avions n’étaient pas vraiment géniale ;

_ AJ, ça te dit de casser la croûte ?
_ Tati, est ce que tu pourras m’amener voir la Tour Eiffel.

Il se tenait près de la fenêtre, et au loin dans le ciel grisâtre, il l’apercevait. Elle se mit derrière lui, à sa hauteur et le serra dans ses bras.

_ C’est prévu.

Il se retourna pour lui faire face et l’embrassa sur la joue. Il posa délicatement sa tête sur l’épaule de sa marraine.
Elle ferma les yeux et se contenta d’apprécier grandement ce geste si innocent, si doux.

Chapitre 16

26 juillet 2006
Hôtel « Le Plazza Parisien ».
Paris, Vème

Il découvrait sa chambre. Elle était spacieuse et lumineuse. Mais il savait que c’était seulement provisoire. Il devrait chercher un appartement d’ici peu. Ses finances ne lui permettrait pas de tenir longtemps.

_ Général, puis-je vous voir dans l’instant ?
_ Bien sûr Capitaine.
_ Installez-vous.

Il s’assit sur le siège de cuir.

_ Je souhaite quitter la Navy.

Un silence s’installa dans la pièce. L’atmosphère se chargea d’électricité.

_ Pardon ?
_ Monsieur, je prends un congé indéterminé. Et par conséquent, comme le métier ne l’accepte pas, sauf en cas de maladie grave, je décide de quitter la Navy.
_ Capitaine, quelle mouche vous a encore piqué ?

Harm ne le regarda pas. Il ne préféra pas répondre Il sortit de la pochette cartonnée sa lettre. Il la posa délicatement sur le bureau en chêne massif.

_ C’est en rapport avec le Colonel Mackenzie n’est-ce pas ?
_ Il n’y a de plus de Colonel Mackenzie depuis trois ans, répondit-il amèrement.

Le Général vint se poser au coté de son subalterne.

_ Rabb, vous y avez bien réfléchi ?
_ J’ai perdu ma vigueur au moment où elle s’est envolée.

Jamais il n’avait eu l’occasion de parler de ce qu’il ressentait à quelqu’un.

_ Bonne chance Harmon.

Il lui tendit la main en signe amical. Il était conscient que rien ne le retiendrait. Il ne prenait plus de plaisir dans aucune affaire. Les tentatives de lui donner une nouvelle partenaire ou un nouveau partenaire n’avaient été que des échecs successifs.

Le souvenir de son départ n’était pas si douloureux qu’il l’aurait penser. Il avait donné ses ailes à la personne qui en valait le coup. Sarah Mackenzie était la personne qui avait le plus compté dans sa vie. Trois ans les avaient séparé, mais maintenant il fallait recouvrer le paradis perdu.

Dans la jungle parisienne, un homme chercherait la femme qu’il aimait. Prêt à remuer ciel et terre.

J’aurai donné le monde pour un regard de toi

Chapitre 17

16 avril 2006
Restaurant « Le Chambellan »
Paris, Xème

Le repas touchait à sa fin. Mac entamait son fondant au chocolat avec sa crème anglaise et Pierre la dévorait des yeux.
Ils avaient discuté de tout et de rien, Sarah ayant fini par livrer un peu plus d’elle. Elle avait évoqué sa vie à Washington, un peu de son passé mouvementé et n’avait pu s’empêcher d’évoquer Harmon Rabb. Elle ne pouvait pas parler de sa vie sans qu’il n’y apparaisse. Son collègue avait bien senti dans la façon dont elle se remémorait quelques instants et dans la façon dont ses yeux passèrent de la brillance au terne que cet homme était plus qu’un ami. Plus qu’un meilleur ami. Plus que lui même n’était pour elle. Bien que cela n’avait rien avoir. Il allait se battre pour qu’elle l’oublie. Il voulait lui montrer que les hommes n’étaient pas tous à mettre dans le même sac. Il était différent, il en était conscient.

Il paya l’addition, attendit plusieurs minutes que Sarah revienne des toilettes. Il la raccompagna jusqu’à devant sa porte.

_ Merci pour cette agréable soirée, Pierre.
_ De rien, ce fut un véritable plaisir. J’ai passé une excellente soirée aussi.
_ On se voit lundi à l’école, ajouta-t-elle.

Elle posa sa main sur la poignée pour ouvrir la portière. Il plaça son bras sur le sien, la retenant légèrement. Elle tourna la tête vers lui. Il s’approcha et l’embrassa avec le plus de douceur qu’il soit.
Elle se laissa faire puis la panique l’envahit.

_ Non, Pierre. Nous ne devons pas. Je ne suis pas celle qu’il faut aimer.
_ Laisse moi te montrer que ce que je fais n’est pas une erreur.

Il essaya de capturer une nouvelle fois ses lèvres mais elle le repoussa en mettant sa main sur son torse.

_ Non. Allons-y doucement.

Il acquiesça.

_ Tu as raison, Sarah.

Elle sortit de la voiture et pénétra dans son immeuble. Elle monta aussi vite qu’elle put et s’enferma dans son appartement.
Elle s’effondra en pleurs sur son sofa. Elle releva la tête de ses coussins afin d’essuyer les larmes qui ruisselaient sur ses joues et ses yeux tombèrent sur une photo d’elle et son ancien partenaire.
Elle balança le cadre à travers la pièce. Celui-ci vint s’écraser contre le mur adjacent dans un bruit de verre cassé.

Chapitre 18

2 août 2006
Appartement de Sarah Mackenzie.
Paris, XIIème

AJ Junior dormait encore à poings fermés dans le lit de sa marraine. Il avait passé une semaine bien chargée. Elle l’observa et se mit à penser que peut-être d’ici quelques temps, ce serait son bébé qui dormirait à la place de son filleul.
Sa relation avec Pierre s’annonçait bien. Depuis cinq mois maintenant ils se fréquentaient. Il était patient et ne voulait absolument pas la brusquer.
Le petit bonhomme commença à s’agiter.

Elle lui caressa sa chevelure désordonnée.

_ Bonjour AJ, susurra-t-elle.
_ Hey, Tante Mac.

Il enfourna son pouce dans sa bouche, colla son doudou sous son nez.

_ On va passer cette dernière matinée ensemble, mon ange.

Aujourd’hui était le jour du départ pour Washington. Le téléphone cassa l’ambiance matinale.
Elle tendit le bras pour attraper le combiné.

_ Allô.
_ Sarah, c’est moi.

Elle se leva et alla dans la salle à manger.

_ Pierre ! Tu vas bien ?
_ Je voulais savoir si l’on pouvait se voir aujourd’hui ?
_ Pas de problème. Je ramène AJ pour 15h.
_ Peut-être pourrais-je venir vous accompagner ?

Elle hésita. Elle ne savait pas quoi faire. Devait-elle accepter tout en sachant qu’AJ pourrait très bien poser des questions ou bien refuser ?

_ Euh…D’accord.
_ Merci Sarah.
_ Tu n’as qu’à venir déjeuner à la maison.
_ Tu me manques beaucoup, ajouta-t-il.

Elle raccrocha sur ces derniers mots.
Elle retourna dans la chambre. AJ était assis dans le grand lit.

_ C’était qui ?

Elle se retrouva prise au dépourvu.

_ Et bien, il s’appelle Pierre.
_ C’est ton amoureux ?
_ On peut dire ça. Oui, c’est mon amoureux.
_ Et tonton Harm ? Je croyais que c’était lui ton amoureux…

Elle se leva.

_ Dis-moi jeune homme…tu n’aurais pas une grosse envie de croissants ?
_ SSSSSSSSSSSiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, hurla le petit garçon qui sauta à pieds joints sur le lit de sa marraine.

Chapitre 19

2 Août 2006
Dans les rues de Paris.
Paris, XIIème

La nuit était tombée depuis quelques heures. Après une semaine de recherche, Harm avait réussi a déniché l’adresse de son ex-partenaire. Il attendait depuis le début de l’après midi, appuyé contre un réverbère à attendre de l’apercevoir.
Il allait s’en aller quand une voiture se gara pile poil devant la porte d’entrée. Un homme sortit du véhicule, en fit le tour, et alla ouvrir la portière du coté passager.
Sarah Mackenzie apparut.
Intrigué, il s’avança doucement. Il désirait les voir de plus prêt. Peut-être que son imagination lui jouerait encore des tours.

Ils étaient dans les bras l’un de l’autre. Pierre avait passé ses mains autour de la taille de Sarah.
Harm s’approcha davantage et se plaça stratégiquement de telle façon qu’ils ne puissent pas le voir.

Ils semblaient parler et leurs lèvres s’approchèrent. Harmon Rabb ne put s’empêcher de se rapprocher encore plus.

Alors qu’ils échangeaient un baiser passionné, Sarah ouvrit les yeux. Elle tomba nez à nez, sur le trottoir d’en face, à seulement quelques mètres d’elle, sur un grand brun. Quelqu’un qu’elle pourrait reconnaître entre mille.
L’ancien capitaine fixa lui aussi son regard dans le sien. L’instant qu’elle clignât des yeux pour reprendre ses esprits, il s’était envolé.


_ Quoi ? interrogea Pierre.

Sarah avait stoppé tout baiser.

_ J’ai…je….

Elle était blanche comme un linge.

_ Sarah ? Tu vas bien ?


A quoi peut ressembler celui qui a pris le visage de l'absence ?

A Harmon Rabb Junior, apparemment….

Chapitre 20

30 Août 2006
Appartement de Sarah Mackenzie
Paris, XIIème

Depuis le soir où elle avait cru avoir vu Harm, Mac était dans un état étrange. Elle s’était posée la question de savoir si elle ne devait pas reprendre une thérapie chez un spécialiste. Elle n’osait rien dire à Pierre, mais il avait bien ressenti que quelque chose se tramait. Elle n’était plus si naturelle et décontractée qu’avant. Ce soir, c’était la veille de la rentrée et ils avaient décidé de passer la soirée ensemble.
Avachis dans le canapé, il avait posé sa tête sur les genoux de Mac. Celle ci lui caressait le cuir chevelu machinalement, à moitié perdue dans ses pensées. Trois pour se détacher au mieux qu’elle le pouvait des fantômes de son passé. Trois ans pour éviter de prononcer son prénom. Trois ans ruinés par une simple vision.

_ Sarah, depuis un certain temps tu as changé. Qu’est ce qui se passe ?
_ Rien.
_ Tu es stressée ? Notre relation va-t-elle trop vite ?

Sa voix trahissait son inquiétude. Il se releva afin de pouvoir capter tout son attention.

_ Je dois te révéler une chose, lâcha-t-elle.
_ Tu sous-entends que tu serais peut-être enceinte ?
_ Oh mon dieu, NON !

Elle se rendit compte de son soudain entrain. Les yeux de son compagnon se baissèrent. Elle l’avait blessé.

_ Pierre, ce n’est pas de cette façon que je voulais le dire.
_ Tu ne m’as rien promis, fit-il d’un ton sec.

Elle avala sa salive. Elle hésitait maintenant à lui dire ce qui la chagrinait. Ce soir, elle comprenait qu’il souhaitait plus que tout fonder une famille. Mais comment lui dire que ce n’était pas la chose qu’elle désirait.

_ L’autre soir, lorsque nous sommes rentrés de l’aéroport, j’ai cru voir…un homme de mon passé.
_ Qui ?
_ Harm.

Un ange passa. Ils échangèrent un regard qui en disait long. Un de ses regards dans lequel plus d’émotions passent que par les paroles.

_ Tu tiens toujours à lui n’est ce pas ?

Il redoutait la réponse. Elle souffla en expirant bruyamment. Elle alla en direction de sa cuisine.

_ Je n’ai pas envie d’en parler spécialement.
_ C’est toi qui aborde le sujet, je te signale. J’aimerai bien que tu m’expliques ce que tu ressens.
_ C’est du passé. C’est avec toi que je suis en ce moment.
_ Non, Sarah. Non, ne me prends pas pour plus imbécile que je ne le suis.
_ Mais arrête !!! s’emporta-t-elle.
_ Trois semaines que tu ne me regardes plus, trois semaines que tu m’évites. Sarah, tu revis dans le passé et non pas dans le soit-disant présent.

Il la rejoignit.

_ Harm n’est pas à Paris. J’ai rêvé !
_ Tu l’as imaginé à quelques centimètres de toi alors que tu m’embrassais. Tu trouves ça normal ? Comment réagirais-tu si je pensais Julie pendant que nous faisions l’amour ?
_ Ne confonds pas tout, Pierre. Je t’embrassais. Je ne te faisais pas l’amour ! dit-elle en levant l’index
_ C’est du pareil au même. Je vais finir par croire que cet homme aura toujours ton âme et ton corps pour lui seul à jamais.

Il se dirigea vers la porte d’entrée.

_ On se voit plus tard.

Il claqua la porte.

_ Rabb, je te hais pour toujours, cria-t-elle.

Chapitre 21

2 Août 2006
Hôtel « Le Plazza Parisien ».
Paris, Vème

Il l’avait vu. De ses propres yeux, dans les bras d’un autre. Au bien sûr, il savait bien au fond de lui qu’elle ne resterait pas célibataire. Comment le pouvait-elle ? Elle était une véritable beauté.
Son cœur battait à la chamade et sa poitrine le serrait. Heureux et malheureux. Excité et dépité. Il avait tant rêvé cet instant. Et maintenant qu’il l’avait vécu, que lui restait-il ?
Il devait prendre l’air. Ici c’était irrespirable. Son instinct lui dicta de retourner au pied de l’immeuble, de sonner et de lui parler.

Plus tard dans la soirée

Maintenant qu’il était là, il était dans l’impossibilité de faire ce que lui disait sa conscience. Il eut toutes les peines du monde à traverser pour être devant la porte. Il la regardait comme le Saint Graal. La bouche à moitié ouverte, il n’entendit pas la jeune fille l’interpeller.

_ Pardon, j’aimerai rentrer chez moi, monsieur.

Il sursauta. Elle le regarda.

_ On ne s’est pas déjà rencontré ?
_ Non, je ne crois pas.

Il avait un gros accent. Remarquable. Le même que sa voisine. Sa voisine ! Ca y’est elle savait qui il était.

_ Vous voulez entrer ? lui proposa-t-elle.

Il paniqua. Il regarda partout autour de lui.

_ Monsieur ? Vous voulez monter ?
_ Non, non, merci.

Il commença à partir. Elle savait qu’il fallait qu’elle fasse quelque chose. Autant tenter le tout pour le tout.

_ Harm, ne partez pas. Je sais que vous êtes là pour elle.

Il se stoppa. Il se retourna.

_ La pour quoi ?
_ Pour elle, Monsieur Rabb. Pour Sarah Mackenzie.

Il resta bouche-bée.

_ Montez, je crois que vous avez besoin d’un bon café.

Chapitre 22

1er septembre 2006
Ecole Américaine.
Cours de récréation.

Premier jour d’école pour les enfants. Sarah avait son emploi du temps depuis hier. Il était proche de celui de son compagnon qui par ailleurs ne lui avait pas adressé la parole depuis ce qui s’était passé.
Elle s’avança vers lui. C’était ridicule de s’être disputé pour une hallucination de sa part.

_ Pierre, je peux te parler s’il te plaît ?
_ Ce n’est ni le lieu, ni le moment. Si tu te soucis de comment je vais, tu n’as qu’à passer chez moi. Tu connais l’adresse, répondit-il rapidement et froidement.
_ Ok, comme tu voudras.

La journée passa sous tension. Les enfants faisaient connaissance avec leurs camarades et leur nouvelle maîtresse. Plus les heures passaient et plus son envie d’aller régler ses comptes décroissait.
Lorsque la cloche indiqua 15h30, la fin des cours. Elle se sentit soulagée. Elle avait connu tant d’années cette sensation. La tension sur le lieu de travail. Les envies contradictoires : régler le problème et refuser de faire le premier pas. Elle ne voulait pas revivre ça.
Elle rangea rapidement ses affaires et quitta l’école sans passer par la salle des professeurs, son habitude.
Elle traversa le parking.

_ Sarah, attends, hurla une voix masculine.

Elle se retourna pour voir Pierre.

_ Quoi ? demanda-t-elle.
_ Excuse-moi pour tout à l’heure, je ne voulais pas te blesser. J’ai été trop froid.
_ Tu avais raison ce n’était ni le lieu, ni le moment. Tout comme maintenant.

Mac se remit à marcher.

_ Mackenzie, tu m’énerves. Je fais un pas, tu recules.
_ Et quand c’est moi qui fait un pas c’est toi qui recule. Finalement, nous ne sommes peut-être pas fait pour être ensemble.

Il l’attrapa par le bras.

_ Mais qu’est ce que tu me chantes là ?
_ Ecoute, j’ai connu cette relation trop longtemps. Je m’en suis échappée. Ce n’est pas pour me replonger dans ceci.
_ Essaierais-tu de me dire que tu romps avec moi ?

Elle fit un mouvement de bras pour se dégager de l’emprise de son petit ami.

_ Oublie-moi, je ne suis pas la femme qu’il te faut.
_ Sarah !

Mais Sarah Mackenzie était déjà partie en courant.

La vie n'est pas une suite, mais un fouillis de bris et de ruptures entremêlés.

Chapitre 23

3 Août 2006
Appartement de Delphine
Paris, XIIème

Delphine n’en revenait pas de ce qu’elle faisait. Elle se mêlait ouvertement de la vie privée de sa voisine et amie.
En montant les marches, elle fut prise d’une peur panique de rencontrer Mac. En étant sur le même palier, les chances de se croiser étaient plus développées.

_ Il ne va pas falloir faire de bruit. Sarah habite juste en face de mon appartement.

Les yeux d’Harmon s’agrandirent. Il était seulement à quelques mètres de la femme qu’il n’avait cessé d’aimer.

Delphine introduisit la clé dans la serrure, fit passer son invité en premier et de dépêcha de refermer la porte.

_ Ne faites pas attention au désordre, fit-elle alors qu’elle allait dans la cuisine mettre la cafetière en route.

Il observa avec minutie chaque recoins du studio. Il y avait deux chevalets dont l’un placé près de la grande fenêtre. L’autre trônait au milieu du salon. Des feuilles de dessins jonchaient le sol, des fusains, crayons, gommes étaient partout. Il regarda avec attention chaque croquis qu’il voyait.
Il tomba sur un portrait. Le portrait de Sarah Mackenzie. Chaque trait tracé semblait parfait. Harm remarqua quelques rides naissantes au coin des yeux de son ex-partenaire. Il ne les connaissait pas et l’envie subite de poser ses lèvres sur celles-ci vint le titiller. Des brides de la seule et unique nuit qu’ils avaient partagée refirent surface.

Delphine était appuyée contre le chambranle de la porte.

_ Je travaille sur ce dessin depuis plusieurs jours.

Il sursauta.

_ Je ne voulais pas vous offenser en fouillant.

Elle se mit à rire.

_ Fouiller ? Vu le bazar qu’il y a ici, vous ne fouillez pas ! Vous ne faîtes que ramasser.

Un sourire se fit sur le visage de son invité.

_ Vous avez l’air proche, lança-t-il.
_ Nous avons fait connaissance.

Harm reposa le dessin là où il l’avait trouvé. Il savait qu’il ne fallait jamais déranger une personne inorganisée.
_ Venez, le café est prêt.

Il s’avança vers la kitchenette.

_ Parlez-moi d’elle, s’il vous plaît.

Ils s’installèrent autour de la table ronde, tasse de café fumante. La nuit promettait d’être longue.

Chapitre 24

14 Août 2006
Appartement de Sarah Mackenzie
Paris, XIIème.

_ Ca sent le brûler non ?
_ Merdeeee, mon gratin !!! dit Sarah en se levant pour courir éteindre le four.

A discuter sans s’arrêter, elle avait oublié de vérifier la cuisson de son repas.
Delphine arriva morte de rire.

_ J’appelle pour une pizza ! Comme d’hab ? interrogea la jeune étudiante.
_ Ouais.

Tandis qu’elle appelait en renfort la pizzeria, le portable de Delphine se mit à sonner. Elle posa sa main sur le combiné

_ Réponds pour moi, s’il te plait.

Le temps qu’elle arrive, le correspondant était tombé sur le répondeur. Quelques secondes plus tard, un texto indiqua qu’un certain R-H avait laissé un message vocal.
Delphine avait raccroché.

_ La pizza sera là dans 45 min. Alors c’était qui ? questionna-t-elle son amie.
_ Je n’ai pas eu le temps de répondre, mais R-H t’a laissé un message.

Delphine se sentit rougir ce qui n’échappa pas aux yeux de Sarah.

_ Ah oui …R-H…hum…
_ Alors c’est qui ce R-H ?

L’étudiante essaya de formuler une réponse rapide dans sa tête.

_ Humm… un étudiant avec qui je bosse sur un…euh…projet d’art.
_ Ah oui ? Et c’est quoi son prénom ? Sarah savait qu’elle la mettait mal à l’aise.

Elle ne pouvait pas lui dire que R-H signifiait Rabb-Harmon.

_ Romain.
_ C’est mignon comme prénom, Romain… Romain et Delphine.
_ Sarah, arrête, ce n’est pas du tout ce à quoi tu penses.

L’institutrice se mit à rire à son tour.

_ Allez, c’est bon, dis-moi que tu as un petit ami.
_ Mais, je n’ai pas de PETIT-AMI !!!

Puis tout alla très vite dans la tête de la jeune femme. Si elle lui disait qu’elle avait un petit ami, elle pourrait être sûre de ne pas être déranger par Sarah certains soirs où elle devrait voir Harmon. Mais elle n’aimait pas mentir.

_ Ok, ok, Romain et moi…On se fréquente…

Sarah s’approcha de son amie.

_ Ah oui ?? Depuis quand ?? Raconte-moi !!
_ Je ne préfère rien dire pour l’instant. J’espère que tu ne m’en veux pas mais c’est tout…récent donc…laissons faire les choses.
_ Je respecte ta décision. Mais j’aimerai bien qu’un jour tu me le présentes !
_ T’inquiètes pas, tu découvriras bien vite son visage, murmura-t-elle.
_ Qu’est ce que tu as dit ?
_ Que j’avais faim et que j’avais hâte qu’on nous livre la pizza.

Chapitre 25

3 Août 2006
Appartement de Delphine
Paris, XIIème

_ Je ne connais pas grand chose de la vie de Sarah Mackenzie.
_ Elle ne vous a rien dit sur son passé ?
_ Pas grand chose. J’ai dû lui tirer les vers du nez.
_ Parlez- moi de sa vie actuelle, alors.

Delphine qui avait bien deviné qu’il tenait toujours à elle.

_ Elle est institutrice dans une école américaine. Elle aime son travail, même si je pense qu’elle ne s’épanouit pas autant qu’elle ait pu l’être en Amérique. Elle a…quelqu’un dans sa vie depuis cinq mois.

Il but une gorgée de café.

_ Je l’ai vu l’embrasser tout à l’heure.

Delphine ne put s’empêcher d’aller chercher son paquet de cigarette. Elle en alluma une, tandis qu’elle s’appuyait sur le rebord de la fenêtre.

_ Elle m’a parlé de vous. Vous êtes sur pas mal de photos dans son appartement. Cependant elle évite toutes discussions vous concernant.
_ Mac me déteste.
_ Mac ? fit –elle surprise.
_ C’est comme ça que je l’appelle.
_ Au contraire, je crois qu’elle s’oblige à vous détester. Je pense que la réalité est différente.
_ J’ai été un véritable salaud. Jamais une femme ne pourrait me pardonner.

Delphine ne savait pas trop comment se comporter.

_ Dans quel plan, Delphine t’es-tu mise !? Ma grande, tu ferais mieux de bosser dans le social ! se dit-elle à elle-même à haute voix.

Il la regarda et souleva un sourcil. La jeune fille se sentit gêner et tira sur sa cigarette.

_ Enchanté Delphine, fit-il.

Dans le moment, elle ne lui avait pas donné son identité.

_ Il s’appelle Pierre et il est son collègue, lâcha-t-elle.

Elle s’était dit que plutôt elle aurait crevé l’abcès mieux ça serait. Ils auraient tourné autour du pot durant plusieurs minutes.
Harm prit la petite cuillère et fit comme s’il avait encore du sucre dans sa tasse.

_ Il a l’air très amoureux. Et elle…
_ Ils le sont.

Il inspira.

_ C’est bien qu’elle soit heureuse.

Il se mordit la lèvre inférieure.

_ Même si c’est sans vous ? tenta Delphine.

Il leva la tête et la dévisagea.

_ Ouais, même si c’est sans moi, dit-il avec résignation.

Il but sa dernière gorgée de café, se mit debout.

_ Merci pour tout, Delphine.

Il lui tendit la main.

_ Ne lui dites pas que vous m’avez vu. Le Devil Dog Marines qu’il y a en elle pourrait bien ressortir.

IL sourit en repensant à tout ce qu’il avait vécu en sa compagnie.

_ Harm, attendez. Je ne suis pas sûre qu’elle soit si amoureuse qu’elle le dise. Je crois… je crois qu’elle vous aime encore.
L’amour c’est une maladie qui rend mauvais. Dès que l’on aime vraiment quelqu’un, on ne peut s’empêcher de lui nuire, même et surtout si l’on veut le rendre heureux…