Neuf ans
Je suis là, devant la page blanche, et l’inspiration ne vient pas.
Pourtant je veux écrire, je veux pouvoir coucher sur le papier les différentes émotions occupant mon esprit à cet instant précis. Mais rien.
La page reste vierge, dénuée d’encre.
Petit à petit l’angoisse naît au fond de moi, j’ai peur, peur de ne pas y arriver ou alors peur d’y arriver, je ne sais pas vraiment.
Fichu paradoxe.
Si j’y arrive cela ne fera que me ramener à la dure réalité que je ne peux supporter.
Mais si j’échoue cela pourrait être mal interprété.
J’hésite, dois-je me défiler ou bien dois-je prendre mon courage à deux mains et faire fit de tous mes sentiments.
Je suis lasse de ces réflexions quasi- inutiles.
Ils pourront comprendre si je ne le fais pas, mais ça signifierait que je suis lâche alors que je suis un marines.
Autre fichu paradoxe, je suis un devil-dog et je ne suis pas capable d’écrire un simple discours.
Mais ce n’est pas n’importe quel discours, celui là concrétise la fin, ce que je ne veux pas.
Et voilà, neuf ans commencés dans une roseraie par une poignée de main hésitante s’envolent.
Neuf ans de moments inoubliables, neuf ans de disputes et de réconciliations, de victoires et de défaites, neuf ans de bonheurs et de tristesses partagés, neuf ans d’amitié et surtout neuf ans d’amour.
En l’espace d’un instant ce chiffre neuf peut-être balayé par un simple appel, ainsi tous les espoirs meurent comme les étoiles, au petit matin, lorsque le soleil renaît.
Je suis là devant cette feuille de papier, à réfléchir aux conséquences que ce discours pourrait avoir sur ma propre vie, car si je ne le fais pas je sais que je m’en voudrais pendant longtemps.
Alors même si je ne m’en sens pas la force je dois le faire pour lui, pour moi, pour nous.
Je le ferai ce discours et il commencera par : « Mon amour tu as su chambouler ma vie, comme tu as su chambouler mon cœur. Grâce à toi j’ai appris ce qu’était aimer sans retenue.
Grâce à toi j’ai connu le véritable sens du mot amitié et surtout du mot amour… », puis il finira par ces phrases : « Mon Dieu que la vie va être dure sans toi, mon amour, je t’aime plus que tout et t’aimerai à tout jamais, je te remercie pour ce merveilleux cadeau que tu m’as fait et qui tient du miracle. Mes plus beaux moments je les ai vécus avec toi, et c’est dure de penser que plus jamais tu n’en partageras d’autres avec moi, mais j’ai la consolation de me dire qu’au moins je les partagerai avec une partie de toi, avec notre enfant, ce petit être qui est un véritable don du ciel puisque je pensais que ce bonheur m’étais retiré à tout jamais.
Alors merci à toi Harm , merci de m’avoir aimé et de m’avoir laissé une partie de toi qui grandi chaque jour en moi, et sera j’en suis certaine, aussi brillante et magnifique que son père. Je ne t’oublierai jamais. Mon cœur t ‘appartiens. Je t’aime. »
Maintenant lorsque le téléphone se met à sonner, je ne peux m’empêcher de trembler de peur, puisque la dernière fois qu’il a retenti c’était pour m’annoncer la plus insupportable et suffocante des nouvelles, c’était pour m’annoncer que plus jamais je ne te reverrais.
Voilà comment en l’espace d’un instant ma vie s’est brisée, un appel téléphonique a suffi pour m’arracher le cœur, et anéantir ces neuf ans d’attente.
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